La princesse aux pieds nus

Il était très impatient de la revoir.

Tandis que le car transportant la petite troupe commençait à gravir la route sinueuse qui conduisait au village sicilien, il ne parvenait plus à penser à autre chose. Peut-être n’avait-il signé cette tournée que pour revenir ? Sinon, pourquoi aurait-il accepté ? La pièce ne lui plaisait guère, son rôle encore moins et il ne touchait, pour tous ces déplaisirs, qu’un cachet de misère. Certes, il n’avait plus guère le choix : soit il acceptait ce genre d’engagement, soit il renonçait pour toujours à sa carrière de comédien et prenait ce que sa famille appelait un « vrai métier ». Car trier ses rôles, il ne le pouvait plus depuis des années ; le temps de sa splendeur n’avait duré qu’une ou deux saisons, à ses débuts, parce qu’il était doté d’un physique irrésistible et qu’on ne s’était pas encore rendu compte qu’il jouait comme une bûche.

C’était l’époque où il l’avait rencontrée, elle, la femme mystérieuse, dans cette cité posée telle une couronne sur un mont rocheux. Aurait-elle changé ? Sans doute. Pas tant que ça.

D’ailleurs, lui non plus n’avait pas beaucoup changé. Fabio avait conservé un physique de jeune premier quoiqu’il ne fût plus ni jeune ni premier. Non, s’il manquait aujourd’hui de bons rôles ce n’était pas parce qu’il s’était dégradé – il plaisait autant aux femmes – mais parce qu’il n’avait pas un talent à la hauteur de son apparence. Ça ne le gênait pas d’en parler, y compris avec ses collègues ou avec les metteurs en scène, car il estimait que le talent ainsi que le physique étaient des dons de naissance. Il avait reçu l’un, il manquait de l’autre. Eh bien quoi ? Tout le monde ne pouvait pas mener une carrière au sommet ; lui se contentait d’une minuscule carrière ; ça lui convenait. Car ce qu’il aimait, ce n’était pas jouer – sinon, il aurait pu devenir meilleur –, c’était mener cette vie. Voyages, camaraderies, jeux, applaudissements, restaurants, filles d’un soir. Oui, cette vie-là plutôt que celle qu’on avait prévue pour lui. On pouvait lui faire confiance sur un point : il s’acharnerait le plus longtemps possible à éviter de reprendre sa place dans la ferme familiale.

« Ce fils de paysan a la beauté d’un prince », titrait un des articles que la presse télévisée lui consacra, à ses débuts, lorsqu’il apparut dans un feuilleton qui passionna l’Italie un été durant. Le Prince Leocadio. Le rôle de sa gloire. Il lui avait valu des milliers de lettres écrites par des femmes, certaines provocantes, d’autres flatteuses, d’autres intriguantes, toutes énamourées. Le Prince Leocadio lui avait permis de décrocher un rôle dans un feuilleton franco-germano-italien, celui d’un milliardaire flamboyant. Ce rôle-là le mit sur la paille. Non seulement l’effet de découverte concernant son physique était passé, mais son personnage, démesuré, ambigu, habité de sentiments contradictoires, demandait un véritable acteur. Dès le tournage, on le surnomma « le mannequin », sobriquet qui fut repris par la presse pour commenter sa performance lamentable. Après cela, Fabio ne fut plus engagé devant la caméra qu’en deux occasions, une en Allemagne, une en France, car, dans ces pays-là, le doublage de son milliardaire flamboyant par des acteurs professionnels avait permis à son jeu de faire davantage illusion. Ensuite plus rien. Plus rien de notable. Cet hiver, en revoyant sur une chaîne câblée et nostalgique les épisodes du Prince Leocadio qui repassaient à quatre heures du matin, il s’était redécouvert avec consternation, détestant l’histoire inepte, ses partenaires inconsistantes qui s’étaient éclipsées comme lui, et surtout ses costumes étriqués, ses chaussures à talons ridicules, sa mise en plis volumineuse qui l’assimilait à une actrice de série B américaine, et cette mèche tombant sur l’œil droit qui, le privant d’un regard, rendait encore plus inexpressif son visage régulier. Bref, ses vingt ans seuls excusaient et justifiaient sa présence à l’écran.

Au tournant, la citadelle médiévale apparut, fière, souveraine, imposant le respect par ses remparts élancés et ses tours en demi-lune. Habitait-elle toujours là ? Comment allait-il la retrouver, il ne savait même pas son prénom. « Appelez-moi Donatella », lui avait-elle murmuré. Sur le coup, il avait cru que c’était son identité ; plusieurs années après, en analysant cette phrase, il s’était rendu compte qu’elle lui avait proposé un pseudonyme.

Pourquoi cette aventure l’avait-elle marqué à ce point ? Pourquoi y songeait-il quinze ans après, alors qu’il avait possédé depuis des dizaines de femmes ?

Sans doute parce que Donatella s’était montrée mystérieuse et l’était restée. Les femmes nous plaisent parce qu’elles arrivent enchâssées dans le chaton d’une énigme et cessent de nous plaire sitôt qu’elles nous intriguent moins. Elles croient que les hommes ne sont attirés que par leur entrejambe ? Erreur, les hommes sont davantage attirés par leur romanesque que par leur sexe. La preuve ? S’ils s’éloignent, c’est plus à cause des jours que des nuits. Les jours passés sous la lumière crue du soleil à discuter ternissent plus l’aura d’une femme que les nuits occupées à se fondre l’un dans l’autre. Souvent, Fabio avait envie de déclarer à la gent féminine : gardez les nuits et supprimez les jours, vous retiendrez les hommes plus longtemps. Pourtant il s’en empêchait, un peu par prudence afin de ne pas les chasser, beaucoup parce qu’il était persuadé qu’elles ne comprendraient pas : elles y verraient la confirmation que les hommes ne songent qu’à baiser alors qu’il voulait suggérer que les plus grands coureurs de femmes – comme lui – sont des mystiques en quête de mystère qui préféreront toujours dans la créature féminine ce qu’elle ne leur donne pas à ce qu’elle leur abandonne.

Donatella lui était apparue un soir de mai, dans les coulisses du théâtre municipal, après la représentation. C’était deux ans après ses débuts télévisuels triomphants, alors qu’il amorçait déjà sa chute. À l’époque, on ne voulait plus de lui à l’écran mais, à cause de sa petite notoriété, on lui avait proposé un grand rôle sur les planches : il interprétait Le Cid de Corneille, un véritable marathon de tirades en vers qu’il débitait avec scrupule sans les comprendre. Son bonheur, en sortant de scène, n’était pas d’avoir bien joué mais d’être parvenu au terme sans se tromper, à l’instar d’un sportif accomplissant une distance inhabituelle. Moins lucide sur lui qu’aujourd’hui, il percevait toutefois que le public appréciait surtout sa figure, voire ses jambes qu’un collant mettait en valeur.

Un immense panier en osier contenant des orchidées jaunes et brunes avait été déposé devant sa loge avant le spectacle. Aucune carte ne l’accompagnait. Pendant la représentation, quand ce n’était pas à son tour de déclamer, Fabio n’avait pu s’abstenir de chercher dans la salle qui pouvait lui avoir envoyé ce présent somptueux. Or la blancheur des projecteurs l’aveuglait, l’empêchant de scruter le public protégé par la pénombre ; et puis, il y avait cette fichue pièce…

Après des applaudissements convenables, Fabio fila dans sa loge, prit une douche rapide et s’aspergea d’eau de Cologne car il se doutait que la personne à l’origine du cadeau allait se montrer.

Donatella l’attendait dans le couloir des coulisses.

Fabio vit une très jeune femme, aux cheveux longs maintenus sur les côtés par une couronne tressée, qui lui tendit un poignet gracieux.

Imprégné par le ton chevaleresque de son rôle, il exécuta spontanément un baisemain, ce qu’il ne pratiquait guère.

— C’est vous ? demanda-t-il en songeant aux orchidées.

— C’est moi, approuva-t-elle en baissant des lourdes paupières aux cils d’un noir brillant.

Ses jambes et ses bras s’échappaient furtivement d’une robe fluide de soie ou de mousseline – il n’aurait su dire –, quelque chose de léger, d’aérien, de précieux, d’oriental, le choix d’une femme au corps souple et doux, une femme qui ne pèse pas lourd. Un bracelet d’esclave entourait son bras blanc, quoique l’expression « bracelet d’esclave » ne convînt plus dès qu’il s’agissait d’elle : on avait l’impression d’admirer celle qui commande aux esclaves, voire qui transforme les humains en esclaves, une sorte de Cléopâtre, oui, une Cléopâtre installée sur un mont de Sicile tant s’échappait d’elle une force impérieuse, mélange de sensualité, de timidité et de sauvagerie.

— Je vous invite à souper. Voulez-vous ?

Est-il utile de répondre à cette question ? Le fit-il d’ailleurs ?

Fabio se souvenait qu’il lui avait offert son bras et qu’ils étaient partis ensemble.

Une fois dehors, dans les rues pavées du village historique, sous une lune voilée, il remarqua qu’elle marchait pieds nus. Elle nota sa surprise et anticipa sur une question :

— Oui, je me sens plus libre ainsi.

Elle affirmait cela avec un tel naturel que cela demeurait sans réplique.

Quelle magnifique promenade dans un soir où tournaient, entre la fraîcheur des murs, des parfums de jasmin, de fenouil et d’anis. Bras dessus, bras dessous, ils montèrent en silence au plus haut de la citadelle. Là se trouvait une auberge cinq étoiles, du plus grand luxe qui soit.

Comme elle se dirigeait vers l’entrée, il eut un geste pour la retenir : en aucun cas il n’avait les moyens d’y emmener une conquête.

Il semblait que Donatella ait deviné ses pensées car elle le rassura :

— Ne vous inquiétez pas. Ils sont prévenus. Ils nous attendent.

Quand ils pénétrèrent dans la salle, tous les membres du personnel se tenaient en effet sur un double rang et s’inclinèrent devant eux. En passant au milieu de cette allée stylée au bras de cette ravissante femme, Fabio eut l’impression de conduire une mariée à l’autel.

Bien qu’ils fussent les uniques clients de ce restaurant gastronomique, on les installa dans un cabinet à l’écart afin qu’ils jouissent d’une certaine intimité.

Le maître d’hôtel s’adressait à la jeune femme avec une excessive courtoisie en l’appelant « Princesse ». Le sommelier faisait de même. Identiquement le cuisinier. Fabio en conclut que la jeune femme devait être une altesse séjournant ici et que c’était sans doute par égard pour son rang qu’on lui passait ses excentricités et qu’on tolérait qu’elle vînt dîner pieds nus.

On leur servit du caviar et des vins somptueux ; les plats se succédaient, inventifs, savoureux, exceptionnels. Entre les deux convives, la conversation demeurait poétique : on parla de la pièce, de théâtre, de cinéma, d’amour, de sentiments. Fabio comprit vite qu’il fallait éviter de poser des questions personnelles à la princesse car elle se fermait à la moindre inquisition. Il découvrit aussi qu’elle avait souhaité dîner avec lui parce qu’elle avait adoré les deux feuilletons qui l’avaient rendu célèbre ; à sa grande surprise, alors qu’il était fort impressionné par elle, il comprit que, paré des héros romanesques qu’il avait interprétés, il l’impressionnait autant.

Au dessert, il se permit de lui saisir la main ; elle le laissa avancer ; il lui exprima avec une délicatesse nouvelle, digne de ses personnages, qu’il ne rêverait que d’une chose, pouvoir la serrer dans ses bras ; elle frémit, baissa les paupières, frissonna de nouveau puis murmura sur un souffle :

— Suivez-moi.

Ils se dirigèrent vers le grand escalier qui conduisait aux chambres et elle le mena jusqu’à sa suite, l’appartement le plus luxueux que Fabio eût jamais vu, une exubérance de velours et de soie, enrichie de broderies, de tapis persans, de plateaux en ivoire, de sièges marquetés, de carafes en cristal, de gobelets en argent.

Elle referma la porte et, dénouant le foulard aérien qui entourait sa gorge, elle lui fit comprendre qu’elle se donnait à lui.

Était-ce à cause du décor digne d’un conte oriental ? Était-ce à cause des mets et des vins voluptueux ? Était-ce à cause d’elle, si étrange, à la fois rétive et policée, sophistiquée et animale ?

En tout cas, Fabio passa une nuit d’amour exceptionnelle, la plus belle de son existence. Et cela, aujourd’hui, quinze ans après, il pouvait le certifier.

Au matin, quand le soleil pointa, il sortit de son fragile sommeil d’amant et revint à la réalité de sa journée : il devait parcourir quatre-vingts kilomètres avec la troupe pour jouer l’après-midi et le soir, on l’attendait dès huit heures trente dans le hall de son hôtel, l’administrateur de tournée allait encore s’emporter contre lui et le mettre à l’amende. Fin du rêve, donc !

Se rhabillant à la hâte, il prit néanmoins garde à ne pas faire de bruit. C’était sa seule façon de prolonger l’enchantement.

Avant de quitter la chambre, il s’approcha de Donatella abandonnée sur le vaste lit à baldaquin. Pâle, fine, si mince, un sourire sur les lèvres, elle dormait encore. Fabio n’eut pas le cœur de la réveiller. En imagination, il lui dit au revoir, il se souvint qu’il alla même jusqu’à penser qu’il l’aimait et qu’il l’aimerait toujours, puis il s’enfuit.

Le bus franchissait maintenant les portes de la citadelle, amenant la troupe des Escargots verts au théâtre municipal. Le directeur monta à l’avant et leur annonça d’une moue morose que les réservations ne dépassaient pas le tiers de salle. Il semblait le leur reprocher.

Quinze ans après, c’était vrai, ce qu’il avait pensé en prenant congé de Donatella… Il l’aimait. Oui, il l’aimait encore. Sinon davantage.

L’histoire n’avait pas eu de fin. Pour cette raison, peut-être, elle durait encore.

Descendant en courant de la citadelle, Fabio était revenu à temps à son hôtel pour boucler ses bagages auxquels le régisseur avait joint les orchidées de sa loge. Fabio avait sauté dans la voiture – à l’époque, en tant que premier rôle, il avait droit à une limousine avec chauffeur, il n’était pas relégué dans le car avec la troupe comme aujourd’hui –, s’était rendormi, puis juré de téléphoner à l’auberge luxueuse ; mais il avait fallu répéter les entrées et les sorties du spectacle dans un nouveau théâtre, jouer, puis rejouer encore.

Il avait différé son appel. Ensuite, il n’osa plus se manifester. L’ordinaire de son existence avait repris le dessus ; il avait l’impression d’avoir rêvé ; il avait surtout compris, en revisitant ses souvenirs, que Donatella lui avait suggéré à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’une soirée unique, pour elle autant que pour lui, une merveille sans lendemain.

Qu’allait-il la déranger ? Elle était riche, de haute naissance, sans doute déjà mariée. Il se résolut à prendre la place qu’elle lui avait donnée : le caprice d’un soir. Il s’amusait d’avoir été un homme-objet, un jouet entre ses mains, il avait éprouvé tant de plaisir à incarner son fantasme ; elle le lui avait demandé avec une telle gentillesse, et tant d’élégance…

Le car cessa de vrombir : ils étaient arrivés. La troupe des Escargots verts jouissait de deux bonnes heures de liberté avant le rendez-vous au théâtre.

Fabio déposa son bagage dans sa chambre exiguë et prit le chemin de l’auberge.

En gravissant les rues, il songeait à l’imbécillité de son espoir. Pourquoi s’était-il imaginé la revoir ? Si elle séjournait à l’époque dans cet hôtel, c’est parce qu’elle n’y habitait pas ; elle n’avait donc aucune raison de l’y retrouver aujourd’hui.

— En fait, je ne vais pas à un rendez-vous, conclut-il avec amertume. Pas plus que je ne mène une enquête. J’accomplis un pèlerinage. Je marche dans mes souvenirs, les souvenirs d’une époque où j’étais jeune, beau et célèbre, un temps où une princesse pouvait me désirer.

Arrivé devant l’auberge, il fut impressionné davantage que par le passé car, désormais, il savait mieux la valeur des choses : il fallait jouir de revenus importants pour séjourner ici.

Il hésita à franchir la porte.

Ils vont me chasser. Ça se voit au premier coup d’œil que je n’ai pas les moyens de me payer ne serait-ce qu’un cocktail au bar.

Pour s’insuffler du courage, il se souvint qu’il était acteur, qu’il avait un bon physique : il décida d’entrer dans la peau du rôle et passa le seuil.

À la réception, il évita les jeunes employés et s’approcha du concierge sexagénaire qui non seulement risquait d’avoir travaillé là quinze ans plus tôt mais d’être doté de la mémoire vive des concierges.

— Excusez-moi, je suis Fabio Fabbri, comédien, et j’ai séjourné ici il y a quinze ans. Vous y étiez déjà ?

— Oui, monsieur. J’étais liftier à l’époque. Que puis-je pour vous ?

— Voilà, il y avait une jeune femme, très belle, une altesse. Vous ne vous rappelez pas ?

— Beaucoup de personnes de sang royal logent chez nous, monsieur.

— Elle se faisait appeler Donatella quoique je doute que… Le personnel s’adressait à elle en lui donnant le titre de « Princesse ».

L’homme aux clés d’or se mit à feuilleter ses souvenirs.

— Voyons, voyons, la princesse Donatella, la princesse Donatella… Non, je suis désolé, je ne vois pas.

— Si, vous devez vous en souvenir. Outre qu’elle était très jeune et très belle, elle se montrait assez excentrique. Par exemple, elle marchait pieds nus.

Piqué par ce détail, l’homme requit une autre partie de sa mémoire et s’exclama soudain :

— J’y suis ! Il s’agit de Rosa.

— Rosa ?

— Rosa Lombardi !

— Rosa Lombardi. Je me doutais bien que Donatella n’était que le nom qu’elle avait emprunté pour un soir. Avez-vous de ses nouvelles ? Revient-elle ici ? J’avoue que c’est le genre de femme qu’on ne peut pas oublier.

L’homme soupira en s’appuyant familièrement sur le comptoir.

— Bien sûr, je m’en souviens. Rosa… Elle travaillait ici comme serveuse. C’était la fille du plongeur des cuisines, Pepino Lombardi. Elle était si jeune, la malheureuse, quand elle a été atteinte d’une leucémie, vous savez, cette maladie du sang… Nous l’aimions tous beaucoup. Elle nous apitoyait tellement que nous nous sommes efforcés d’accomplir ses désirs jusqu’à ce qu’elle aille mourir à l’hôpital. La pauvre, elle avait, quoi, dix-huit ans ?… Depuis qu’elle était petite, elle circulait dans le village sans chaussures. Pour rire, nous l’appelions la princesse aux pieds nus…